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A la fin de l’année dernière, j’ai fais la critique d’un enregistrement des oeuvres concertantes pour piano et orchestra de Poulenc interprétées par Chandos. J’en ai conclu que je regrettais avoir attendu si longtemps pour explorer sa musique. Ainsi, lorsque ce CD est apparu sur les listes d’albums devant passer en revue, j’en ai profité pour continuer mon exploration de son art.
Manquant d’inspiration pour la terminer, Poulenc abandonne sa sonate en 1940 pour y revenir huit ans plus tard, suite aux encouragements de Pierre Fournier. Cette oeuvre est typique de Poulenc: belles melodies, rythmes enjoués et changements soudains de direction. Le deuxième mouvement, une Cavatine, est exceptionnellement beau et émouvant. Sans constituer la base du répertoire, l’oeuvre a accumulé plus de vingt enregistrements. Ainsi, la concurrence est forte pour Siranossian et Fouchenneret. Il me parait pertinent de les comparer à deux autres duos français: Anne Gastinel et Claire Désert (Naïve – critique) ainsi que Jean-Guihen Queyras et Alexandre Tharaud (Harmonia Mundi). En termes de caractérisation dans les passages rapides, ces deux duos nous offrent plus que le duo Claves. Le premier nous propose une interprétation raffinée, élégante et pleine d’esprit, le deuxième une interprétation plus rapide, dramatique et parfois presque sauvage.
En ce qui concerne les compositions de Fauré, la concurrence est d’autant plus forte. Ici, Siranossian et Fouchenneret sont très bons. L’album intitulé Hyperion d’ Alban Gerhardt et Cecile Licad (CDA67872) n’a pas été révisé ici, mais a reçu de très bonnes critiques ailleurs. En écoutant que des extraits de leurs interprétations sur le site internet consacré à l’album Hyperion, j’en viens à croire que celles-ci ne sont en rien meilleures que celles du duo Claves.
Les arrangements de treize chansons de Komitas (vrai nom Soghomon Gevorki Soghomonian) font toute la différence. Je n’ai pu trouver que deux autres enregistrements contenant certaines de ces chansons dans leur version piano/violoncelle. Un album de musique arménienne chez la maison de disques Divine Art, y compris les morceaux de Komitas (également connu sous le nom de Gomitas) arrange pour cette combinaison d’instruments a déjà été revu ici. J’ai écouté quelques-unes des oeuvres communes aux deux albums et j’ai l’impression que le duo Siranossian et Fouchenneret nous offrent les éléments folkloriques, source même de ces oeuvres, de manière plus authentique et avec plus sensibilité. Celles-ci sont de nature mélancolique, mais contiennent suffisamment de variations pour maintenir l’intérêt de l’auditeur jusqu’au dernier morceau, particulièrement enjoué.
Ceci est le premier album de ces deux interprètes français. Astrig Siranossian est d’origine arménienne, ce qui nous fournit une explication plus qu’évidente, si besoin est, de son choix des arrangements de Komitas. Les deux artistes se sont produit sur scène maintes fois ensemble et séparément et chacun d’entre eux a remporté au moins un prix. Siranossian a écrit les notes brèves mais suffisamment informatives. La qualité sonore est très bonne. La sélection imaginative d’œuvres et de performances tout au moins bonnes, et à certains endroits excellentes, annoncent une carrière en enregistrement d’albums prometteuse.