RTBF, Laurent Graulus

Précision Rythmique, expressivité, justesse sont au rendez-vous d’une oeuvre poétique, mais exigeante

Astrig Siranossian assume également à merveille la gravité et la noirceur de Britten.
Puis, quand il s’agit d’être légère dans des phrases en pizzicato, la jeune française donne la sensation de sautiller, le ciel est bleu, et l’on a déjà oublié que 16 mesures plutôt, il faisait si sombre…
Astrig Siranossian, une artiste solide et raffinée qu’on aimera réentendre, et qui nous a offert un vrai récital de concert.

« Née en 1988, et formée au Conservatoire de Lyon, puis à la Musik Hochscchule de Bâle, Astrig Siranossian est actuellement Artiste en résidence à la Chapelle musicale Reine Elisabeth auprès de Gary Hoffman.

Elle débute cette 2e partie d’après-midi avec la 2e Suite en ré mineur BWV 1008 de Jean-Sébastien Bach. Dès les premières notes, la profondeur du son est étonnante, et cette Suite de Bach prend des allures de musique sacrée, tant le recueillement qui s’en dégage est intense. Mais plus tard, dans la Sarabande, la jeune française nous montrera un autre visage, celui d’une interprète fougueuse, comme dans de la musique folklorique irlandaise.

Suit la 1ère exécution de  » Chacun sa chaconne « , l’œuvre imposée de la Belge Annelies Van Parijs. Astrig Siranossian nous rappelle ici qu’elle n’est pas une novice de la scène : précision rythmique, expressivité, justesse sont au rendez-vous d’une œuvre poétique, mais exigeante, et déchiffrée en peu de temps.

Des contraintes qui ne semblent en rien empêcher Astrig d’exprimer sa vision de  » sa  » chaconne.
Elle poursuit avec les Fantasiestücke opus 73 de Robert Schumann. Et c’est peut-être là que son caractère musical se révèle plus que jamais. L’amplitude et la volupté de sa sonorité sont un vrai ravissement. Les phrases s’enchaînent avec un allant étonnant. Les rubatos habilement placés, rendent le dialogue avec Julien Gernay, son pianiste, encore plus intéressant.

Dans la Sonate en ut majeur de Benjamin Britten qui clôt son récital, c’est la vigueur et la puissance parfaitement maîtrisée de sa sonorité qui font mouche.

Même quand elle joue pianissimo, elle peut faire gronder le grave de son instrument comme un orage d’été. Astrig Siranossian assume également à merveille la gravité et la noirceur de Britten.

Puis, quand il s’agit d’être légère dans des phrases en pizzicato, la jeune française donne la sensation de sautiller, le ciel est bleu, et l’on a déjà oublié que 16 mesures plutôt, il faisait si sombre…

Astrig Siranossian, une artiste solide et raffinée qu’on aimera réentendre, et qui nous a offert un vrai récital de concert. »